Omar m’a tuer – le blocage de porte

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La question fondamentale du dossier : la porte et son blocage

Affaire Omar m'a tuer porte meurtre
Blocage de la porte par le chevron et la barre de fer

La question du blocage de porte est primordiale dans cette affaire. En effet, si la porte a été bloquée depuis l’intérieur et qu’il n’existe pas d’autre issue, cela renforce très fortement l’hypothèse de l’accusation. La mise en scène, défendue comme thèse alternative par les avocats, devient alors impossible.

La démonstration d’un blocage qui ne peut se faire que de l’intérieur n’est pas aisée. Cette preuve matérielle est bien plus dure à accepter pour un tribunal qu’un ADN dont les techniques d’analyses sont reconnues. De plus, personne n’a vu le blocage d’origine puisque les gendarmes l’ont bouleversé en entrant. La question du blocage a été étudiée lors d’une reconstitution judiciaire en février 1992, mais elle n’a pas fait l’objet d’une étude scientifique approfondie par un expert en mécanique ou en matériau qui aurait pu apporter une réponse plus fiable aux jurés.

Le dispositif

Les premiers à tenter de pénétrer dans la cave sont les gendarmes Liedtke et Teulière. D’après le procès-verbal d’audition du 15 octobre 2011 du gendarme Liedtke :

« La pression que nous exerçons sur la porte est très forte et je constate que le blocage intérieur est situé plutôt en partie inférieure de la porte. Tout en poussant je parviens à glisser difficilement mon avant-bras droit juste sous la poignée. [] Je descends mon avant-bras et je sens de la mousse recouverte de tissu puis une barre de métal. Je fais la réflexion à Teulière qu’il doit s’agir d’un lit de camp. J’ai dû m’y prendre à trois reprises pour lever le lit qui était couché sur le sol. Le fait de le relever a permis d’ouvrir un peu plus la porte. C’est à cet instant que nous voyons l’interrupteur électrique et le mur ensanglantés. Nous sentons encore une résistance en bas de la porte par quelque chose qui est placé sur le sol. Teulière maintient la pression et je réussis à me glisser difficilement à l’intérieur. Mon corps n’est pas totalement introduit que j’aperçois une barre cylindrique qui bloque la porte au sol. Teulière maintenant toujours la pression, je donne plusieurs coups de pieds dans le tube. La porte s’ouvre de plus en plus mais le tube offre toujours une résistance. Ce tube est placé perpendiculairement à la porte, au tiers de la porte vers la charnière. L’ultime coup de pied dégage le tube métallique. Je pénètre dans la cave [] Je remarque un corps allongé dans le local chaufferie [] Je ne bouge plus de l’endroit où je suis, à savoir à deux ou trois mètres à l’intérieur de la cave »

D’après ce récit, le blocage de la porte vient principalement d’un lit pliant dans un premier temps puis d’une barre de fer au sol. Le gendarme Liedtke n’évoque pas encore la présence d’un chevron qui est pourtant une pièce essentielle du dispositif. Le chevron est en fait évoqué assez rapidement, dès le mardi 26 juin par le gendarme Patrice Gervais dans son procès-verbal de constatation et mesures prises:

«Il nous est précisé que le déverrouillage et l’ouverture de la porte d’accès à cette cave ont été effectués par les gendarmes Liedtke et Teulière. Ils ont pu constater que la porte était bloquée de l’intérieur par un lit pliant et un chevron de bois. A l’ouverture de la porte, le lit et le chevron ont été projetés à l’intérieur de la cave laquelle était placée dans l’obscurité. »

Les avocats de la défense et la journaliste d’investigation Eve Livet dénonceront l‘apparition soudaine de ce chevron, la journaliste n’hésitant pas à accuser les gendarmes de manipulation.

La reconstitution

D’autres questions subsistent : la barre de fer peut-elle, à elle seule, bloquer la porte ? A quoi correspondent les marques sur le tube, le sol ou encore le chevron ?
Pour éclaircir ces points, une reconstitution judiciaire est réalisée le 18 février 1992. Le dispositif est constitué d’une barre de fer, d’un lit pliant et d’un chevron. Le juge écrit dans son procès-verbal :

Affaire Omar m'a tuer porte meurtre Système de blocage
Système de blocage mis en place lors de la reconstitution

La reconstitution est précise et les traces sur la barre métallique et le chevron viennent confirmer le dispositif proposé par les gendarmes. Le gendarme Cenci précise dans son rapport de synthèse que la barre de fer et le chevron sont souillés de sang contrairement aux poignées intérieures et extérieures de la porte de la cave, ce qui tend à prouver que la personne ayant manipulé ces objets avaient les mains pleines de sang contrairement à celui qui aurait fermé la porte.

Les avocats d’Omar Raddad tenteront de réaliser le même blocage depuis l’extérieur à deux reprises sans y parvenir. Après ce transport en justice, les avocats protesteront avec force contre la dénaturation de la vérité des gendarmes par la mise en place de ce « nouveau montage ». Avocats, journalistes et détectives privés viendront mettre le doute sur ce blocage intérieur prétextant que toutes les solutions n‘avaient pas été envisagées. Parmi ces solutions, on peut citer la mise en place du dispositif à l’aide de ficelles et de sangles par le jeu sous la porte, l’existence possible d’une seconde sortie dans la cave à vin, le blocage par la barre métallique entravée sur le montant ou les ressorts du lit pliant… Même si certaines solutions peuvent paraître fantaisistes, elles ont pour but de faire naître le doute sur la thèse défendue par l’accusation.

Ainsi, malgré ce transport en justice très défavorable à Omar Raddad, des doutes sont relayés sur le blocage de la porte qui n’a pas fait l’objet d’une étude scientifique plus approfondie. Cette question est pourtant déterminante et prouverait à elle seule la culpabilité d’Omar Raddad ou au contraire laisserait entrevoir la possibilité d’une mise en scène machiavélique.

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