Nouveau livre : Police Scientifique, les experts au coeur de la scène de crime

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La sortie du livre “Police Scientifique : les experts au coeur de la scène de crime” le 8 novembre 2017, va combler un grand nombre d’amateurs d’enquêtes criminelles et de sciences forensiques. Nous avons particulièrement aimé ce très bel ouvrage qui présente des spécialités souvent peu connues ou mal considérées. A découvrir absolument pour toutes les personnes intéressées par la PTS.

Les deux auteurs, Sébastien AGUILAR et Benoît de MAILLARD sont deux techniciens de police technique et scientifique que nous avons eu le plaisir d’interroger. Voici en exclusivité l’interview de ces deux passionnés.

 

Pouvez-vous vous présenter et expliquer votre parcours en quelques mots ?

Benoit de Maillard : J’ai 35 ans et je travaille dans la police scientifique depuis dix ans. Ce métier est une vocation pour moi. J’ai d’abord effectué des études supérieures en Physique-Chimie puis un DEA de Criminalistique à L’école des Sciences Criminelles de Lausanne où j’ai pu me spécialiser dans diverses matières telles que les incendies, les documents, les stupéfiants, les traces papillaires ou encore la gestion de scène d’infraction. Ces études m’ont permis de réussir le concours de Technicien de Police Technique et Scientifique dans la spécialité Identité Judiciaire en 2007. J’ai ensuite travaillé pour la sécurité publique (DCSP) dans des Service Locaux de Police Technique.

Sébastien Aguilar : J’ai 32 ans et suis Technicien de police technique et scientifique depuis six ans. J’ai commencé mes études universitaires par une Licence en Biologie marine que j’ai obtenu en 2007 à Marseille. J’ai très vite été captivé par l’application des sciences au service de la Justice. En 2009, j’ai obtenu un Master en Sciences Criminelles spécialisé en Identification forensique au sein de l’incroyable Ecole des Sciences Criminelles de l’Université de Lausanne en Suisse. De retour en France, j’ai passé le concours de Technicien de police technique et scientifique puis j’ai été affecté à la Préfecture de Police de Paris en tant que chef d’un Service Local de Police Technique. Passionné par la Recherche et le Développement de nouvelles techniques, j’ai utilisé mes connaissances théoriques acquises à Lausanne afin de les mettre en application dans un projet expérimental en matière de traces d’oreille. Ce projet piloté pendant plus de trois ans en Ile-de-France a permi l’élucidation de centaines d’affaires.

Comment est venue l’idée de ce livre ? Comment l’avez-vous abordé ?

BdM : Nous avons été contactés par un l’éditeur Hachette qui voulait un livre détaillé sur le thème de la police scientifique. Nous pensions que le sujet avait déjà été largement traité dans différents ouvrages mais en regardant plus en détail, peu d’ouvrages évoquaient la PTS telle que nous la connaissons aujourd’hui. Nous avons voulu aborder le sujet sous un angle à la fois théorique, pratique et scientifique tout en utilisant de nombreux exemples ou témoignages d’experts ou spécialistes. Nous avons eu la chance d’interviewer un grand nombre de professionnels et d’experts (une cinquantaine) qui nous ont beaucoup apporté tant sur le plan professionnel que pour le livre.

SA : Lorsque l’opportunité de faire un livre s’est présentée à Benoit et moi, nous nous sommes posés la question de l’utilité d’un tel ouvrage. Nous avons donc demandé à certaines personnes hors milieu police mais également à des enquêteurs ce qu’ils pensaient de la police scientifique et quelles étaient ses missions. Aussi incroyable que cela puisse paraître, 90% des réponses apportées faisaient référence aux seules traces digitales et traces biologiques (ADN). Certaines personnes pensaient que seule la Police Nationale pouvait réaliser des actes de police technique et scientifique en France, occultant complètement la Gendarmerie Nationale. D’autres pensaient que la PTS ne se déplaçait que sur des scènes criminelles, oubliant les scènes de petites et moyennes délinquances comme les vols de véhicule ou les cambriolages qui sont le quasi quotidien des effectifs de police technique et scientifique sur le terrain. Il nous est donc apparu évident de présenter la Police Technique et Scientifique de la façon la plus large qu’il soit, avec ses acteurs et ses très nombreuses missions.

Quel est le contenu du livre ? À qui est-il destiné ?

SA : Le but de cet ouvrage est de mieux présenter la police scientifique au public. C’est pour cela que l’ouvrage s’adresse aussi bien aux personnels de PTS (qu’ils soient policiers actifs, gendarmes ou scientifiques), qu’aux enquêteurs, magistrats, étudiants ou tout simplement aux passionnés d’enquêtes criminelles. A travers cet ouvrage, nous nous sommes efforcés de trouver un juste milieu entre le fait d’en dire “trop” et “pas assez”. L’objectif n’est pas de donner des astuces à la réalisation d’un “crime parfait” mais au contraire de présenter la pluridisciplinarité des sciences forensiques. Que l’on soit dans la police scientifique ou non, peu d’entre nous ont entendu parler de prélèvements d’odeur humaine, de pollen, de larves, de produits de maculation, de traces de pneumatique, de traces d’oreille ou encore de traces numériques. C’est pour cette raison que nous avons voulu présenter ces nombreux domaines et prouver que la police scientifique ne se restreignait pas uniquement aux simples traces papillaires et biologiques.

BdM : Le livre va effectivement s’adresser à un large public, grâce à des chapitres tels que “Cold cases et erreurs judiciaires” ou “de la fiction à la réalité” mais globalement, il reste assez technique et spécialisé. Nous avons évoqué de très nombreuses spécialités dont certaines méconnues comme la morphoanalyse de traces de sang, les véhicules ou l’intervention sur des scènes de catastrophe de masse. Des chapitres plus classiques comme ceux sur les traces biologiques et papillaires ou sur les grands fichiers ont été rédigés mais avec de nombreux exemples inédits.

Comment s’est passé la rédaction, combien de temps avez vous mis pour écrire ce livre ?

BdM : J’ai commencé à écrire en octobre 2016 et les dernières relectures se sont terminées en septembre 2017. La rédaction et la rencontre des nombreux spécialistes au sein des institutions était un vrai plaisir alors que les phases de relecture ont été éprouvantes.

SA : Dès les premiers instants, je me suis vite rendu compte des difficultés à écrire un ouvrage à partir d’une feuille blanche. La matière est tellement vaste que l’on veut absolument tout dire ! Au final, l’éditeur nous a informé que nous avions dépassé la taille du livre initialement prévue de 200%.

Comment avez-vous pu rédiger des chapitres sur des spécialités peu connues telles que l’odorologie, l’entomologie ou encore les traces d’oreille ?

SA : Nous avons eu la chance d’obtenir l’accord non seulement de notre hiérarchie mais également celui des hauts fonctionnaires de la Police Nationale et de la Gendarmerie Nationale. Cette approbation nous a permis de rencontrer de très nombreux experts au sein des laboratoires de l’INPS (Police), de l’IRCGN (Gendarmerie) et des services spécialisés en France, en Belgique et en Suisse. Concernant les traces d’oreille, beaucoup d’exemples ont été tirés d’affaires réelles traitées au cours du projet expérimental que j’ai mené en région parisienne ou d’affaires lyonnaises.

BdM : Personnellement, dans un premier temps, j’ai rassemblé un très grand nombre d’ouvrages français et étrangers sur la police scientifique et sur différentes affaires criminelles. J’ai rassemblé le maximum de documentation et lu plusieurs dizaines de livres spécifiques pendant des mois. Ensuite, comme l’a précisé Sébastien, nous avons fait intervenir des spécialistes ou des experts en la matière (pour la quasi totalité des chapitres).

Le livre regorge d’illustrations, de dessins et de photographies, où les avez vous obtenues ?

BdM : Nous avons créé des schémas qui ont été repris par des graphistes. Les autres photographies ont été majoritairement fournies par l’Institut National de Police Scientifique (INPS) et l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN).

SA : Une grande partie des photographies ont été effectivement transmises par la Gendarmerie Nationale et la Police Nationale. Certaines ont été transmises par l’Institut National de Criminalistique et Criminologie (INCC) de Belgique, par nos anciens professeurs de l’Université de Lausanne ou encore par des médecins légistes, avocats, professeurs. Afin d’illustrer certains propos théoriques, nous avons dû effectuer des photographies nous-même. Pour l’anecdote, j’ai reconstitué une scène de crime dans un parc urbain en mobilisant exceptionnellement plusieurs véhicules et 10 fonctionnaires de mon commissariat ou encore effectué des projections de sang dans un parking souterrain en rénovation. Ce n’était pas facile d’endosser le pseudo rôle de “metteur en scène” mais c’était un très bon moment.

Vous illustrez ce livre par de nombreuses affaires criminelles, quelles sont celles qui vous ont particulièrement marqué ?

SA : Pour ma part, j’ai pu interroger un grand nombre d’intervenants sur les attentats de Paris ou de Nice. Lors de ces scènes de catastrophes, la police scientifique a eu un rôle central et déterminant. Une véritable course contre la montre s’est engagée et malgré cette lourde pression médiatique, les experts de la police et la gendarmerie ont non seulement pu identifier les auteurs et victimes de ces attentats, mais également pu démanteler un vaste réseau terroriste grâce à l’exploitation de données numériques, expertises balistiques, exploitations de traces papillaires, prélèvements d’ADN, prélèvements d’odeurs humaines etc.

BdM : Je suis passionné par les affaires criminelles et ce livre m’a permis d’en découvrir quelques-unes exceptionnelles, il m’est difficile de les citer toutes. En fait, j’ai particulièrement aimé discuter avec les principaux acteurs d’affaires exceptionnelles comme le commissaire Jean-Marc SOUVIRA pour l’affaire du violeur au carton, le juge Gilbert THIEL pour l’affaire Guy Georges, le commissaire divisionnaire Georges GUYOT pour l’affaire Thierry Paulin ou encore le chef d’escadron Emmanuel PHAM-HOAI pour l’affaire Kulik.

Cet ouvrage est un pavé de 336 pages (format 16,8 x 2,8 x 22,6 cm) publié aux éditions Hachette pratique. Vous pouvez le commander sur Amazon via le lien suivant.

Une interview de ©www.police-scientifique.com – Tous droits réservés

 

 

 

 

 

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