Paris : les «Experts» luttent contre les cambriolages

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Les experts traquent les cambrioleurs

Au moment où les vols avec effraction reculent de 11,2 % en avril dans la capitale, plongée au cœur du service de recherche des traces de la police parisienne.

«On se croirait dans Les Experts», glisse, fasciné, un jeune apprenti de la boutique. Il est un peu moins de 14 heures quand deux policiers du service de recherche des traces, munis de lourdes mallettes, font leur entrée dans une pâtisserie chic du XVIe arrondissement. «Il a pris l’intégralité de la caisse», soit 1500 euros, soupire la responsable, désignant la caisse arrachée au mur. En quelques minutes, elle explique aux deux policiers en civil les circonstances du vol, commis sans effraction au beau milieu de la nuit. Et avance qu’il pourrait bien s’agir d’un ancien employé, qui a conservé les clés de l’établissement.

plan paris cambriolagesRapidement, Caroline et Franck, qui appartiennent tous deux à l’antenne locale de la police technique et scientifique qui couvre les XVIe, XVIIe et VIIIe arrondissements, déballent leur matériel. Leurs gestes sont rapides, méthodiques. Il faut dire qu’ils ont l’habitude: avec le reste de leur équipe, ils traitent plus d’une dizaine de cambriolages par jour, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Rien qu’à Paris, il existe sept antennes de ce type. Commerces, entreprises, particuliers… Tout y passe. Et leur travail, exclusivement basé sur le relevé d’empreintes et d’ADN, commence à payer: en comparaison avec les quatre premiers mois de l’an dernier, le taux d’élucidation des cambriolages a en effet augmenté de 1,4 point dans la capitale. En moyenne, donc, 13 % des cambriolages sont actuellement résolus, contre 11,6 % l’an dernier. Le nombre de cambriolages, d’ailleurs, tend au même moment à baisser: au cours du mois d’avril toujours, 978 vols par effraction ont été recensés dans la capitale, soit une baisse de 11,2 % sur un an. Une baisse régulière depuis la rentrée 2011, selon une source policière.

«Les traces n’attendent pas», prévient d’emblée Franck, pinceau à la main. L’équipe se doit d’intervenir rapidement: «Selon la température, la sudation et le support, elles restent entre quelques heures et quelques jours seulement.» Problème: depuis ce matin, les employés de la pâtisserie s’activent dans l’arrière-boutique.

Du coup, leurs traces sont partout. «Après un cambriolage, nous recommandons toujours aux victimes de ne pas toucher la scène», explique Caroline, avant de sortir sa poudre magnétique. Les deux agents l’appliquent délicatement sur les objets que le voleur aurait pu toucher. Puis, récupèrent «le transfert» en appliquant une bande de papier collant sur les traces mises en lumière par la poudre. Plus tard dans la journée, de retour dans leur service, ils examineront ces traces à l’épiscope, une sorte de grosse loupe. Il leur faudra alors trouver au moins 12 points caractéristiques analogues, qui permettent, selon la loi française, d’identifier un individu formellement. Sans ces 12 points, les empreintes seront inexploitables. Dans le cadre du cambriolage de la pâtisserie, Caroline et Franck sont sceptiques: au vu de leurs premières constatations, il se pourrait bien que le voleur ait porté des gants.

«Trois hommes louches»

Autre lieu, autre scène. L’équipe vient d’être appelée dans le XVIIe arrondissement, avenue de Villiers, pour un cambriolage commis chez un particulier. La propriétaire, traumatisée, attend en bas de l’immeuble. Elle est persuadée d’avoir croisé le cambrioleur dans les escaliers. La concierge, de son côté, assure avoir vu «trois hommes louches, qui venaient d’Europe de l’Est». Scène de désolation une fois dans l’appartement: l’intérieur des placards a été renversé par terre. Les boîtes à bijoux, vides, sont tristement éparpillées sur le lit. «Ils m’ont tout pris, même mes bijoux en toc! Même le bracelet de mon arrière-grand-mère!», s’emporte la propriétaire. Cette fois, il semblerait que le ou les malfaiteurs ne portaient pas de gants. Pour autant, on est loin de l’amateurisme: «Ils ont fait glisser leurs doigts pour ne pas laisser de traces», indique Franck. Manifestement, pas assez pour l’œil aiguisé de nos deux policiers, qui, en moins d’une heure, parviennent tout de même à relever un certain nombre de traces. Avant que leur téléphone ne sonne pour une autre intervention. La course contre la montre continue pour les experts de Paris.

Publié par Flore Galaud, le 15/05/2012 © www.lefigaro.fr

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