Mettre fin aux erreurs judiciaires à répétition. Tel est –enfin ! – le mot d’ordre du Département américain de la justice qui vient de créer, début février 2014, une commission d’experts pour tenter d’établir des normes dans les pratiques de la police scientifique américaine, et dans leur usage par la Justice.
Car les cas de personnes libérées après avoir été injustement condamnées sur la base d’analyses faussées ou mal interprétées se multiplient. Ainsi, selon Innocence Project – une organisation qui s’est donnée pour mission de mener des contre-expertises dans les cas les plus litigieux – plus de 300 personnes auraient été libérées après leur intervention depuis 1992… Soit près de 13 par an ! Des chiffres à donner le vertige quand ont sait que ces condamnations pour viols et meurtres peuvent conduire dans le couloir de la mort… C’est le dernier cas en date, celui de Gerard Richardson, qui a mis le feu aux poudres.
Condamné à 30 ans de réclusion en 1994, cet homme de 48 ans a passé 19 ans derrière les barreaux dans le New Jersey avant que son innocence soit prouvée et qu’il puisse rentrer chez lui en décembre 2013. Il avait été condamné uniquement sur la base de marques dentaires relevées dans le dos de sa jeune victime, qui lui avaient été attribuées alors que de premières analyses ADN n’avaient pas été concluantes. Or, de nouvelles analyses réalisées à la demande d’Innocence Project, mieux réalisées, ont pu mettre en évidence un ADN mâle complet, qui s’est révélé ne pas être le sien…
C’est à la suite de ce scandale que le Département de la Justice a décidé de nommer avec le National Institute of Standart and Technology (NIST) 37 experts, – parmi lesquels des scientifiques, juristes, magistrats ou policiers – pour édicter des normes et unifier ainsi les pratiques et la formation des techniciens et praticiens. Cela devrait éviter à l’avenir que certains tribunaux, comme celui de San Francisco par exemple, ne condamne un homme de 70 ans à 30 ans de prison ferme sur la base de 5 points de similitude entre son ADN et celui de l’échantillon retrouvé sur la scène de crime alors que le FBI, pour sa part, exige 13 points de similitude…
La Commission devrait édicter de premiers éléments en mars. Ses travaux vont être suivis de très près par les spécialistes français de médecine légale.
Source : Le Nouvel Observateur