Au départ, l’appareil avait été conçu pour rechercher des corps sur des grandes scènes de crimes. Mais le nouveau drone des gendarmes leur offrira une aide précieuse dans tout type d’enquêtes.
Officiellement on ne dit pas « drone » : le terme reste trop associé aux utilisations guerrières en terres hostiles. Pourtant, il s’agit bien de cela : un petit engin volant, piloté à distance.
Mais sa vocation est tout à fait inédite. Le VAIC, autrement dit le Vecteur aérien d’investigation criminelle, est la dernière en date des innovations technologiques développées au sein des laboratoires de la gendarmerie nationale. Sa mission : survoler les scènes de crime pour mieux les visualiser et fournir aux enquêteurs des images en trois dimensions. Avec sa coquille ronde posée sur ses grandes pattes métalliques, l’appareil a des allures de station spatiale miniature.
Insecte géant
À moins qu’il ne ressemble à un insecte géant, puisqu’il a été conçu au sein du département d’entomologie de l’Institut criminel de la gendarmerie nationale (IRCGN). Dans ce lieu où l’on cultive les insectes pour mieux dater les cadavres, le VAIC est désormais prêt à l’emploi, après un an d’expérimentation. Il a déjà servi à cinq ou six enquêtes. « Ce nouvel outil criminalistique offre une vision globale de scène de crime, il n’est pas du tout concurrent de l’hélicoptère », explique le major Thierry Pasquerault, chef d’un projet au raisonnable budget de 6 000 euros, financé par une mission d’innovation.
Six hélices, quatre pieds, un appareil photo ou vidéo fixé au centre, deux lampes pour éclairage efficace de nuit, un pilote à distance pour la machine, un opérateur pour le réglage des photos : le VAIC peut survoler une zone d’enquête de cinq à trente mètres d’altitude, disposant de 15 à 20 minutes d’autonomie.
Un gadget ? Pas du tout !
Il peut aussi effectuer des prélèvements dans des zones polluées. Gadget ? « Demandez aux enquêteurs ! » rétorque le major Pasquerault, « au sol, il est difficile d’avoir une vision globale des indices, on peut fixer l’état des lieux, découvrir des éléments, c’est un complément très intéressant. » À l’origine, ce drone de 1,5 kg a été imaginé pour la recherche de corps, sur des sites explorés après catastrophes ou crimes de masse. Un viseur à infrarouge peut se fixer sous la coque et détecter des variations de température.
En fin de phase expérimentale, le VAIC n’attend plus que des réquisitions officielles dans des enquêtes judiciaires. Ce drone illustre les recherches permanentes des activités scientifiques de la gendarmerie. « Nous apportons un panel criminalistique complet, sur un même plateau on est en mesure de coordonner toutes les investigations scientifiques pour faire avancer une enquête », dit le colonel François Daoust, directeur de l’IRCGN.