Comment travailler pour la police scientifique sans passer de concours?

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Signature contrat PTS

Travailler en police scientifique : concours, contract ou détachement ?

La police technique et scientifique est un métier qui attire énormément. Par conséquent, il est très difficile de l’intégrer. Les concours sont en effet très sélectifs.

Il est cependant possible de travailler pour la police technique et scientifique par d’autres biais que les concours : en tant que contractuel, ou bien par la voie du détachement.

Signature contrat PTS

Si ces voies sont susceptibles de vous intéresser, peut-être vous posez-vous déjà plusieurs questions. Comment se faire embaucher en tant que contractuel ? Quelle différences avec l’intégration par voie de concours ? Quels sont les avantages et inconvénients du statut de contractuel ?

Afin de vous permettre d’en savoir plus, quoi de mieux que de recueillir la parole de contractuels ?

J’ai donc fait appel à trois étudiants ayant suivi notre préparation au concours, qui parallèlement à cette préparation, se sont fait engager sous contrat dans différents services de PTS.

J’ai donc interviewé Frédéric, Mélanie et Louise.

Mélanie et Louise ont été contractuelles, mais ne le sont plus car elles ont été lauréates du concours de Technicien de PTS en 2024.

Frédéric l’est depuis peu, tout en préparant avec nous le concours de TPTS.

Retrouvons-les tout d’abord pour une interview. Puis vous trouverez dans la suite de l’article un résumé des informations importantes sur les contrats en PTS, ainsi qu’une explication de l’intégration par voie de détachement.

I- Interview de contractuels en PTS

Thomas de police-scientifique.com : Frédéric, Mélanie, Louise, merci d’être présents pour partager vos expériences avec nos lecteurs !

Mélanie : je t’en prie, ça fait toujours plaisir de se retrouver depuis la préparation au concours!

I-1- quels sont, ou ont été, vos postes en tant que contractuels?

Mélanie : j’ai occupé un poste de Technicien de PTS sous contrat dans une Section de Criminalistique Conventionnelle d’une DPS. C’est la section qui procède à des révélations de traces papillaires par des moyens physico-chimiques dans un petit laboratoire. Depuis, j’ai obtenu le concours de TPTS.

Frédéric : je suis TPTS contractuel dans une section d’intervention d’une Division de Police Scientifique (DPS). C’est la section dont le rôle principal est de couvrir les interventions sur le terrain, y compris lors de périodes d’astreintes opérationnelles. Elle est de niveau 3, c’est-à-dire que nous intervenons dans le cadre des infractions les plus graves, même criminelles. Parallèlement, je suis votre préparation au concours de TPTS.

Louise : j’ai occupé deux postes de contractuelle : de technicienne principale (TPPTS) en LPS -spécialité biologie-, puis de TPTS en service territorial dans une section d’intervention de niveau 3. Depuis, j’ai été lauréate du concours de TPTS.

I-2- Comment avez-vous découvert que l’on pouvait postuler en tant que contractuel en PTS?

Mélanie : à l’époque, je cherchais à passer le concours d’ingénieur de PTS en spécialité biologie. J’avais pris contact avec un ingénieur du Laboratoire de Police Scientifique (LPS) de ma région pour prendre des renseignements.

Il m’a expliqué qu’il avait le même parcours universitaire que moi, et qu’il était d’abord entré au LPS en tant qu’ingénieur contractuel, avant d’obtenir le concours.

J’ai donc décidé de tenter aussi ma chance parallèlement aux concours. J’ai postulé sur deux mouvements de recrutement différents, pour des postes de Technicien de PTS (niveau bac) et d’ingénieur de PTS (niveau bac +5).

Frédéric : j’ai participé à plusieurs visios que vous avez organisées dans le cadre de la préparation au concours de TPTS, au cours desquelles des professionnels de la PTS présentent leur travail, puis échangent avec nous. Lors de l’une d’elles, j’ai appris qu’on pouvait se faire engager en tant que contractuel. Ensuite, j’ai su comment procéder plus précisément dans le post que tu avais écrit sur le groupe facebook privé de la prépa. J’ai engagé les démarches en ayant bien en tête que la priorité est donnée aux fonctionnaires titulaires postulant à la mutation. Mais j’ai montré ma motivation et j’ai finalement été recruté !

I-3- concrètement, comment avez-vous cherché des postes, puis postulé?

Mélanie : au début, j’avais trouvé des annonces concernant les LPS via LinkedIn, qui m’ont orientées sur “MobMI” (ancien nom, pour le lien actuel, cliquez ici – NDLR). Ensuite j’ai directement cherché sur MobMI et programmé des alertes.

J’ai constitué mon dossier et l’ai téléversé sur le site : CV, lettre de motivation, fiche de renseignements (la même qu’utilisent les fonctionnaires sollicitant une mutation)…Avant de valider mon dossier, j’ai pris contact avec les services qui m’intéressaient.

La DPS qui m’a finalement recrutée connaissait peu le processus de recrutement de contractuels, car c’était la première fois qu’ils l’envisageaient. Ça n’était pas vraiment l’usage dans les services territoriaux auparavant. En effet, cela se faisait plutôt dans les LPS. J’ai obtenu des RDV au téléphone et en visio pour les deux postes en LPS, mais je n’ai pas été prise.

J’ai eu un RDV téléphonique, puis en personne à la Division de Police Scientifique (DPS). Ils m’ont expliqué que le recrutement de contractuels n’était pas privilégié pour ce type de service, mais que n’ayant pas eu de postulants titulaires lors des deux derniers mouvements de mutation, ils étudiaient cette possibilité. J’ai ensuite rencontré l’équipe. Le poste et le service m’intéressaient énormément, et j’ai donc confirmé mon souhait de candidater et validé mon dossier sur MobMI.

Les RDV s’étant bien passé, la hiérarchie était favorable pour me recruter, et les services RH ont aussi donné leur aval. Deux mois plus tard, l’administration m’a informée qu’ils souhaitaient me recruter et que je pouvais signer mon contrat.

Frédéric : j’ai soigneusement préparé mon CV et ma lettre de motivation. J’ai décidé de mettre en avant mon inscription à la préparation au concours de votre site. Pendant mon entretien physique avec le service, j’ai expliqué comment se passait l’année de préparation, et ça a joué en ma faveur, car ils étaient sûrs que je savais où je mettais les pieds. De plus, j’ai aussi suivi un DU criminalistique et sciences forensiques, ce qui a été un autre point positif.

J’ai été reçu par la cheffe du service, puis ai eu un entretien également avec les chefs de section. J’ai pu leur démontrer que j’avais une bonne connaissance du métier et de ses contraintes., grâce à mon DU et aux visios de la prépa. Cela les a rassurés et les a rendus favorables à ma candidature. Par la suite, j’ai été convoqué par les Renseignements Territoriaux pour une enquête de moralité.

Après un certain temps, j’ai été contacté par l’administration qui m’a annoncé que je pouvais signer mon contrat. Champagne !

Louise : j’ai procédé à peu près de la même façon, à la différence près que ma candidature en section d’intervention à été facilitée par le fait que je travaillais déjà dans le domaine de la PTS. De plus, ma motivation pour la fonction a été évidente puisque je passais d’un contrat de TPPTS à un contrat de TPTS.

I-4- pouvez-vous nous en dire plus sur le type de contrat dont il s’agissait?

Mélanie : c’était un CDD pour une durée de 3 ans, renouvelable une fois pour 3 ans, avec une période d’essai de 3 mois. Les préavis pour une rupture de contrat variaient entre 8 jours et 2 mois, selon le moment où j’aurais voulu y mettre fin.

Il est bon de savoir que ces contrats donnent de l’ancienneté dans le service public, ce qui peut permettre de passer des concours internes de la Fonction Publique, ainsi que de ne pas partir en bas de grille en cas de réussite à un concours.

I-5- une fois recrutés, comment se sont passés vos débuts dans vos services? Quelles formations avez-vous suivies?

Mélanie : j’ai suivi exactement le même programme de formation initiale qu’un lauréat de concours. De plus, pendant les premiers temps passés dans mon service, les collègues m’ont formée en interne.

Frédéric : après la signature de mon contrat, on m’a organisé une visite intégrale des différentes sections du service. J’ai donc pu faire la connaissance des collègues. Je souhaite entrer dans le métier depuis si longtemps : c’était une journée extraordinaire!

Jusqu’à ce que j’ai validé toutes mes formations habilitantes, je me rendrai sur les scènes d’infraction en binôme.

Louise : j’avais déjà suivi une partie de la formation initiale lors de mon premier contrat. J’ai donc été formée en interne à l’intervention, et ai suivi rapidement les formations-métier permettant de travailler sur le terrain.

I-6- Comment avez-vous vécu votre position de contractuels par rapport aux autres? Quelles étaient les avantages et les inconvénients de ce statut selon vous?

Mélanie : pour être honnête, je me sentais quand même un peu “différente”. C’est de là que découlaient les poins négatifs.

Pour certains sujets, on avait du mal à obtenir des réponses parce que le cas des contractuel était mal connu. Pour prendre un exemple, comme j’étais affectée à la section de criminalistique conventionnelle, on ne savait pas trop si en tant que contractuelle, je pouvais quand même être formée aux interventions sur le terrain. Plusieurs questions de ce type ont posé soucis à cause de mon statut particulier.

Un gros point négatif était lié au salaire. Contrairement aux collègues, je ne touchais pas certaines primes, ce qui engendrait une différence de plusieurs centaines d’euros. En revanche, au quotidien, l’équipe me considérait et me traitait comme n’importe quelle collègue. Ça effaçait un peu cette différence !

J’ai aussi appris que dans certains cas, des collègues contractuels avaient réussi à négocier leur salaire et étaient payés quasiment comme les titulaires. En revanche, je ne sais pas si ça se fait encore et si c’est facile à obtenir.

Mais globalement, être contractuelle a été une expérience très positive. Cela m’a permis de découvrir vraiment le métier, ce qui m’a confortée dans mon projet. De plus, j’ai appris le métier et suivi des formations, ce qui m’a fourni de bons arguments pour l’oral du concours de TPTS.

Frédéric : c’est vrai qu’il y a des différences avec les collègues titulaires, mais je vois surtout le positif. J’ai pu commencer à faire le travail que j’ai toujours voulu faire. Je sais que c’est une chance d’avoir pu obtenir un contrat, car c’est assez rare. Si c’était à refaire, je signerais à nouveau sans hésiter! Quant à obtenir le statut des collègues fonctionnaires, ce n’est que partie remise, car je fais tout pour réussir le concours le plus rapidement possible.

Louise : je rejoins Mélanie et Frédéric. Tout ce que je retiens à présent, c’est qu’être contractuelle en parallèle de la prépa m’a donné un coup de pouce supplémentaire pour obtenir le concours. Du coup, c’est aussi plus facile d’intégrer ce métier “officiellement” quand on le connaît déjà, cela donne confiance en soi.

I-7- Quels sont vos projets? Conseilleriez-vous à quelqu’un ayant un intérêt pour la PTS de postuler en tant que contractuel?

Mélanie : je ne suis plus contractuelle puisque j’ai réussi le concours de TPTS. Je projette de continuer à apprendre le métier en tant que TPTS, et j’envisage de passez bientôt les concours de Technicien Principal de PTS, et un peu plus tard celui d’ingénieur.

Je recommande de postuler en tant que contractuel pour ceux qui souhaitent passer les concours. C’est un gros atout pour l’oral. En revanche, ça n’apporte rien du tout pour les écrits, et j’ai en tête l’exemple de collègues contractuels n’ayant pas été admissibles malgré leur investissement dans le métier.

Donc je conseillerais de faire comme moi : j’ai suivi votre préparation au concours, ce qui m’a permis d’avoir de très bonnes notes aux écrits et d’être admissible. La prépa m’a aussi parfaitement préparée à l’oral. Cela ajouté au fait d’avoir pu mettre en avant mes acquis en tant que contractuelle m’a conféré un avantage supplémentaire devant le jury.

Je dirai aux lecteurs qu’il faut envisager ou non de postuler en fonction de leur situation personnelle, car c’est un statut tout de même précaire et le salaire est assez bas. Pour ceux qui souhaitent passer les concours, c’est un bon tremplin.

Frédéric: je conseille vivement de postuler pour un contrat, et de surtout ne pas se décourager en cas de refus multiples, car il est difficile d’en obtenir un. Pour ma part, je n’ai jamais renoncé. En plus, j’avais beaucoup de soutien de mes proches, mais aussi de mes camarades de la prépa.

Mes projets sont de m’investir à fond en tant que contractuel, préparer le concours en parallèle avec l’aide de la prépa, et de mes collègues qui m’ont dit qu’ils m’aideraient aussi pour l’oral si j’arrive à être admissible.

Une fois que je serai titulaire et que j’aurai gagné en expérience, j’aimerais beaucoup m’orienter pour devenir expert et témoigner aux assises.

J’ai aussi en tête l’idée de travailler en recherche et développement sur des projets pour faire progresser le travail sur les scènes de crime.

II- Résumé des informations sur les contractuels en PTS

Ces témoignages sont très riches d’enseignements ! Voici un récapitulatif des informations importantes si vous envisagez de postuler en tant que contractuel en PTS.

Type de contrats :

  • contrats en général de 3 ans, renouvelable une fois
  • période d’essai de 3 mois
  • salaire généralement très inférieur à celui des titulaires, mais qui a pu parfois être négocié avantageusement

Pour quels postes ?

Théoriquement, le recrutement de contractuels est possible pour tous types de postes et de grades. Cela se faisait auparavant surtout en LPS, mais des contractuels ont été recrutés dans les services territoriaux récemment, y compris dans des sections d’interventions.

La formation :

  • les contractuels suivent le même programme de formation qu’un lauréat de concours. Ils suivent donc le tronc commun, ainsi que les formations-métier spécifiques au type de poste auquel ils ont été affecté.
  • En théorie, les contractuels ne sont pas voués à suivre des formations continues qui ne sont pas en lien avec le poste qu’ils occupent. Mais en cas de nécessités de service, cela pourrait peut-être se faire.

Tout cela vous donne envie de sauter le pas? Il reste à savoir comment tenter d’être recruté.

III- Comment postuler en tant que contractuel de la police scientifique?

  • chercher les postes ouverts sur l’interface de mobilité du Ministère de l’Intérieur ou choisirleservicepublic
  • il est possible de filtrer les offres (par catégorie, localisation etc.)
  • configurez des alertes correspondant à votre recherche
  • regardez sur les fiches de postes associées aux offres si la case “ouvert aux contractuels” est cochée
  • ne vous laissez pas décourager par le profil attendu sur les fiches de poste. Il s’agit du profil “idéal”, mais rien ne vous empêche de postuler si vous ne remplissez pas tous les critères.
  • nous vous conseillons malgré tout de prendre contact avec les services afin de faire connaitre votre intérêt et vous présenter. En effet, de nombreux services ne prennent pas en considération les candidatures de contractuels ou en détachement lorsqu’il semble que les personnes postulent sans avoir une vraie connaissance du métier qui les attend. De plus, certains services qui n’auraient pas envisagé un recrutement de contractuel mais sont en besoin d’effectifs pourraient s’y intéresser et solliciter des RH un tel recrutement suite à votre prise de contact.
  • Ne soyez pas découragés par plusieurs échecs. Il est difficile d’être recruté en police scientifique en tant que contractuel. Les offres que vous trouverez sont des postes également proposés à la mutation ou au détachement. Un fonctionnaire titulaire postulant sur le même poste sera évidemment privilégié.
  • Vous pouvez aussi utiliser LinkdIn, certains services l’utilise et le SNPS à créé sa propre page.

Comme vous l’avez compris, travailler en tant que contractuel est un très bon moyen de mettre un pied dans le monde de la PTS. Cependant, il est bien plus intéressant de devenir fonctionnaire titulaire, comme l’ont fait Mélanie, Louise, et prochainement Frédéric.

Si vous souhaitez suivre notre préparation au concours de TPTS comme eux et nos autres étudiants, ou simplement vous renseigner, cliquez sur ce lien.

IV- Travailler pour la police scientifique par la voie du détachement

La voie du détachement est un moyen pour les fonctionnaires de la fonction publique de postuler sur des emplois en police technique et scientifique.

Il n’est possible de postuler que sur des postes de catégorie équivalente. C’est-à-dire qu’il faut être fonctionnaire titulaire de catégorie B pour pouvoir postuler sur un emploi de Technicien ou technicien Principal de PTS, et de catégorie A pour les postes d’ingénieur de PTS.

Le détachement sera alors possible si l’administration d’origine et l’administration d’accueil y sont favorables.

Le fonctionnaire est classé dans la grille de l’emploi de détachement à indice égal s’il existe, et sinon à l’échelon ayant l’indice immédiatement supérieur.

Pour connaître toutes les règles du détachement, notamment le double déroulement de carrière, ou les cas de renouvellement ou de fin de détachement, cliquez ici.

Un article de Thomas Q. pour © www.police-scientifique.com

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