En 1988, Michel Fourniret et Monique Olivier reviennent dans la région des Ardennes et aménagent dans une maison dans la commune de Floing. Puis l’année suivante, ils acquièrent une immense propriété : le château du Sautou. Pas moins de 13Ha, d’une valeur estimée de plus d’1 million de francs… Mais comment le couple, qui vivait de petits travaux, est-il parvenu à acheter une telle bâtisse ?
Souvenez-vous de Jean-Pierre Hellegouarch, le codétenu de Michel Fourniret. Durant leur détention, il a confié le secret d’un « magot » à Fourniret : pas moins de 50kg d’or enterrés dans un cimetière de la région parisienne ! A sa sortie de prison, Fourniret aurait alors dérobé une partie du magot qui aurait servi à financer l’achat de ce château.
Peu après, le couple se marie et donne naissance à un enfant, prénommé Sélim, avant de nouveau de déménager en 1992 dans la commune de Sart-Custinne, en Belgique.
Les années passent…
… jusqu’en 2001 et la disparition de la jeune Mananya à Sedan, une fille française frontalière avec la Belgique. Son corps sera retrouvé neuf mois plus tard, en forêt Belge et identifié par sa famille grâce à des vêtements. Cette disparition et cette découverte de cadavre rappellent des mauvais souvenirs aux habitants des communes environnantes : en Mai 2000, une jeune fille prénommée Céline a également disparu à Charleville-Mézières, à seulement 30km de là. Son corps avait également été retrouvé en Belgique.
Peut-on regrouper ces deux affaires de disparition et de meurtre ? Les enquêteurs disposent de peu de pistes, mais une nouvelle tentative d’enlèvement va faire avancer les recherches.
La tentative d’enlèvement ratée, point de départ des investigations
Fin juin 2003, Marie, âgée de 13ans, échappe de peu à un enlèvement dans la commune de Ciney (Belgique). Elle est abordée par un homme à bord d’une fourgonnette blanche qui dit avoir perdu son chemin et lui demande de l’aide. Il la menace et la fait monter de force dans sa camionnette avant de la ligoter. La jeune adolescente réussit à sauter du véhicule et à s’enfuir. Elle est secourue par une automobiliste qui parvient à relever la plaque d’immatriculation de la fourgonnette.
Avec l’aide de l’automobiliste, Marie se rend à la gendarmerie pour dénoncer les faits dont elle ne venait pas d’être victime et donner le numéro de la plaque d’immatriculation de la fourgonnette, qui se révèle appartenir à une certaine Monique Olivier.
Le conducteur décrit par la jeune adolescente étant en homme, les enquêteurs portent tout de suite leurs soupçons sur le mari, prénommé Michel Fourniret. En Belgique, l’individu est inconnu de la justice. Pourtant, nous savons qu’en France, Michel Fourniret a déjà été condamné et purgé une peine de prison pour des faits à caractère sexuel quelques années plus tôt…
Michel Fourniret est placé en garde à vue, et Marie l’identifie formellement. Il reconnaît les faits mais nie avoir eu l’intention de la violer. Les enquêteurs l’interrogent sur son éventuelle complicité avec un autre criminel sexuel de l’époque, Marc Dutrouc. Il répondra froidement : « non, je suis pire », laissant présager de sa dangerosité.
Les scientifiques entrent en piste !
Le jour-même, la maison du couple à Sart-Custinne est perquisitionnée. La camionnette de Fourniret est passée au peigne fin par le personnel scientifique Belge. Plusieurs objets sont saisis et placés sous scellés, et un indice de taille est retrouvé dans le véhicule : un cheveu présentant les mêmes caractéristiques que les cheveux asiatiques de la jeune Mananya enlevée et retrouvée en forêt Belge un an plus tôt. Ce cheveu est dépourvu de son bulbe et ne permet malheureusement pas d’extraire d’ADN nucléaire et d’en faire son analyse. La rigueur scientifique ne permet donc pas d’affirmer à 100% qu’il s’agit de celui de Mananya, mais la morphologie et les caractéristiques correspondent en tous points.
Ces constatations scientifiques permettent de relier Michel Fourniret à la disparition de Mananya : dans la foulée, et grâce à une coopération entre les deux pays, les enquêteurs belges et français vont faire le lien avec celle de Céline en 2001, tant les modes opératoires sont semblables.
Michel Fourniret est alors inculpé pour ces deux meurtres et incarcéré à la prison de Dinant en Belgique : les enquêteurs font alors pression sur le couple, plus particulièrement sur Monique Olivier car ils soupçonnent son implication dans les enlèvements.
Monique Olivier craque…
Dans un premier temps, elle se mure dans le silence. Elle est laissée libre et rend régulièrement visite à son mari en prison. Les enquêteurs vont jusqu’à placer des micros lors des parloirs qu’elle entretient avec lui pour tenter d’en savoir plus.
Les écoutes se révèlent fructueuses : ensemble, ils élaborent des stratégies de défense et de réponses aux questions des enquêteurs. Monique Olivier évoque même l’éventualité d’être poursuivie par la justice, reconnaissant ainsi à demi-mot son implication dans les affaires pour lesquelles Michel Fourniret est poursuivi.
Pas moins de 230 interrogatoires menés en un an, des micros au parloir… En juin 2004, Monique Olivier finit par craquer et confirme que les jeunes Céline et Mananya ont bien été enlevées et tuées par son mari.
… et va encore plus loin
Elle « passe à table » et assure désormais que Michel Fourniret a commis pas moins de sept autres meurtres :
– Isabelle Laville, disparue en 1987 dans l’Yonne, quelques semaines seulement après la sortie de prison de Fourniret suite à sa première incarcération
– Elisabeth Brichet, une fillette de 13 ans disparue à Namur en 1989
– Jeanne-Marie Deramaux, disparue en 1989 à la gare de Charleville Mézières
– Farida Hammiche, qui n’était pas moins que la femme de Jean-Pierre Hellegouarch, le co-détenu de Michel Fourniret à la prison de Fleury Mérogis. Pour récupérer le magot de 50kg d’or et s’offrir le château du Sotou, il n’a pas hésité à assassiner Farida…
– Une certaine Natacha, à Nantes
– Fabienne Leroy, à Mourmelon
– Une baby-sitter qui aurait gardé leur fils Selim, dont elle dresse un portrait-robot aux enquêteurs