Découverte d’une arme à feu

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Fixation de la scène et prise de côtes lors de la découverte d’une arme à feu ou d’éléments balistique

La phase de « fixation de la scène » ou « gel des lieux » est ici primordiale. Lors de la découverte d’une arme à feu, il est très important de photographier l’arme et/ou les éléments balistiques (douilles, ogives) avec un repère millimétrique avant toute manipulation. Cette phase permet de relever lorsque cela est possible la position du chien, de la culasse, du chargeur et des différents éléments assurant la sûreté de l’arme. Dans le cas d’un revolver où les douilles ne sont pas éjectées par l’arme, il est important de noter le contenu des différentes chambres à cartouches et la position relative de chaque chambre par rapport au canon. Cela peut avoir une importance capitale suivant les circonstances du cas (la roulette russe par exemple)

Une autre phase essentielle lors de la découverte d’une arme à feu et d’éléments balistiques sur une scène d’infraction et plus particulièrement sur une scène de crime : il s’agit de la «prise de côtes». Cette phase consiste à relever la position de l’arme et des différents éléments de munitions par rapport à des points fixes (murs, bouches d’égouts, bâtiments). Cela tient toute son importance dans l’évaluation des différentes hypothèses formulées par les services scientifiques et/ou enquêteurs et permet parfois de répondre rapidement aux questions suivantes :

· Combien d’armes ont été utilisées ?

· Les munitions retrouvées sur la scène peuvent elles avoir été tirées par cette arme ? (compatibilité entre armes et munitions)

· La distance de tir (tir à distance, à bout touchant ou à bout portant)

· Est-ce que la position de l’arme par rapport au corps de la victime est compatible avec les différentes hypothèses prédéfinies ? (notamment dans le cas de suicide par arme à feu)

Les premières observations sur l’arme et les lieux peuvent être complétées à l’aide d’autres spécialités comme la morpho analyse des tâches de sang, l’analyse des résidus de tirs, la médecine légale ou la balistique extérieure et lésionnelle.

Le prélèvement de l’arme

Lorsqu’une arme est prélevée et conditionnée, il est important de respecter des règles de sécurité basiques mais essentielles. La règle d’or pour la manipulation d’une arme à feu, qu’il s’agisse de la découverte d’une arme à feu sur une scène d’infraction, d’une partie de chasse en forêt ou d’une séance de tir sportif dans un stand, est que toute arme doit être considérée comme chargée et potentiellement dangereuse.

En France, ce sont les personnels habilités qui sont appelés à manipuler les armes sur les scènes d’infractions (Officier de Police Judiciaire, le corps des policiers actifs et les gendarmes). Avant le transport de l’arme en dehors de la scène d’infraction il est important de mettre en sécurité l’arme si cela est possible.

découverte d'une arme à feu police scientifiqueLors de la découverte d’une arme à feu sur une scène d’infraction et de son appréhension, des règles strictes s’imposent dans le contexte de la préservation des traces et de la sécurité. En effet, il ne faut jamais introduire un objet dans le canon et veiller à l’orientation de celui-ci lors de la mise en sécurité de l’arme. Idéalement, le canon de l’arme doit être orienter vers une zone susceptible d’absorber une décharge accidentelle (appelé également zone neutre). La manipulation de l’arme se fait par le pontet (partie métallique entourant la queue de détente) ou par les plaquettes de crosse, avec le port de gants et d’un masque afin d’éviter toute contamination involontaire de la part de l’intervenant. Généralement l’arme est conditionnée dans une boîte en carton de manière à limiter tout contact entre l’arme et le support et afin de préserver les éventuels traces et indices présents sur celle-ci. Suivant le contexte de l’affaire, il peut arriver que le conditionnement soit différent et plus complexe à mettre en place.

découverte d'une arme à feu scène de crime

Prenons le cas par exemple, de la découverte d’une arme à feu jetée dans l’eau (flaque, mer, lac etc.). Le fait de sortir l’arme de l’eau, la faire sécher et la conditionner dans une boite en carton va modifier l’environnement direct dans lequel l’arme a été retrouvée. En effet, le risque d’oxydation de l’arme se trouve ici accru une fois l’arme au contact de l’oxygène de l’air. Ainsi, la meilleure façon de préserver l’ensemble des traces et indices est de conditionner l’arme dans une boite hermétique contenant l’eau dans laquelle l’arme a été découverte et la fixer de façon à éviter tout mouvement à l’intérieur. Le scellé est ensuite envoyé au laboratoire aux fins de recherches de traces papillaires, ADN et analyse balistique.

découverte d'une arme à feu police scientifiqueLes douilles et ogives retrouvées sur une scène doivent être prélevées avec précaution et conditionnées dans des emballages adéquats. Il arrive que la recherche des éléments de munitions sur une scène soit extrêmement difficile. Si l’environnement (une foret par exemple) et la composition des éléments balistiques (laiton, plomb etc.) le permet, on peut utiliser un détecteur de métaux.

L’absence d’éléments balistiques sur une scène peut emmener l’enquêteur à formuler différentes hypothèses :

· L’arme utilisée est un revolver (les douilles restant ainsi dans le barillet)

· Un pistolet à un seul coup

· Une carabine avec récupérateur de douille

· Une carabine à un seul coup

· Un fusil de chasse

· Le ramassage de douille après le tir

· Le tir n’a pas eu lieu à cet emplacement

· Perte des douilles (dans une bouche d’égout par exemple)

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