Affaire Grégory – L’insuline, les cordelettes et les moulages

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Le flacon d’insuline

affaire grégory insuline police scientifiqueLe 9 novembre 1984, à Docelles, un garde champêtre découvre sur les berges du Barba (bras de la Vologne) une ampoule d’insuline vide d’une contenance de 2mL, son emballage en carton et une seringue. L’emplacement de la découverte est aussi l’endroit désigné par Muriel Bolle comme étant l’endroit ou Bernard Laroche serait descendu de voiture avec Grégory. En 1984, la mère de Muriel Bolle, Jeanine Bolle (cf arbre généalogique), est diabétique et reçoit des injections d’insuline. Elle possède des flacons de la même marque et des seringues du même type selon Jacqueline Golbain son infirmière. L’infirmière le confirme lors de son audition par le juge Simon le 21 novembre 1989.

L’injection d’insuline sur un non-diabétique peut entraîner un coma profond. Après une injection d’une grande quantité d’insuline, le taux de glucose dans le sang diminue et le cerveau qui ne reçoit plus de glucose cesse de fonctionner rapidement : il s’agit d’un coma hypoglycémique. Une question va alors se poser : une injection d’insuline a-t-elle pu être réalisée sur Grégory avant de le jeter dans la rivière ? Le docteur De Ren qui a pratiqué l’autopsie va répondre à cette question posée par un policier du SRPJ de Nancy. Il estime que l’injection d’insuline est plausible dans le cas de Grégory et

qu’une ampoule complète d’insuline novo-lente peut entraîner un coma hypoglycémique chez la victime


Le docteur écarte la possibilité d’une injection intraveineuse mais n’exclut pas l’injection intramusculaire sur une fesse par exemple. Il conclut dans une note adressée au SRPJ que l’injection d’insuline parait

difficilement envisageable de la part de personnes non professionnelles n’ayant aucune connaissance particulière ni des injections, ni des modalités d’action des médicaments

 

affaire grégory insuline police scientifiqueLors d’une réunion avec le juge Simon et les parents de Grégory, les médecins Marin et Gisselman expliquent qu’une dose de 2mL est six fois supérieure à celle tolérée par un enfant diabétique de 4 ans et qu’il faut une heure et demie entre la piqûre et l’état d’inconscience.La détection de l’insuline lors d’une autopsie est très difficile, voire impossible si aucun soupçon d’injection n’est formulé. Un prélèvement de l’humeur vitrée dans l’heure du décès permettrait de constater l’hypoglycémie. Pour détecter une injection d’insuline, il faudrait prélever de la zone de peau où a eu lieu la piqûre. Il faudrait aussi prélever du liquide céphalo-rachidien pour comparer le taux d’insuline total avec le taux d’insuline naturel et ainsi prouver qu’il y a eu de l’insuline injectée. Le taux d’insuline naturel peut être déterminé grâce à la quantification d’une molécule produite naturellement en même temps que l’insuline : le peptide C. Il n’y avait aucune suspicion d’injection au moment de l’autopsie, aucun de ces prélèvements n’a été effectué.

La présence d’insuline dans le corps de Grégory n’a pas été prouvée et ne reste qu’une supposition. Aucune analyse toxicologique n’est venue conforter cette hypothèse.

Les cordelettes

Le corps de Grégory a été retrouvé pieds et poings liés par une fine cordelette. Le lendemain du crime les gendarmes découvrent une ficelle semblable à celle retrouvée sur le corps de Grégory, dans le jardin de Georges Jacob un grand-oncle de Grégory (cf arbre généalogique). La ficelle est saisie par les gendarmes pour être expertisée.

affaire grégory insuline cordelettes police scientifiqueEn avril 1985, lors de constatations de policiers du SRPJ de Nancy autour de la maison des parents de Grégory qui est désormais vide, les policiers découvrent de la ficelle maintenant un chéneau au toit. La ficelle est saisie, expertisée et comparée avec la ficelle découverte sur le corps de Grégory. Les résultats de l’expertise montrent que la ficelle saisie est différente. Le 23 avril, deux perquisitions sont effectuées chez des amis des Villemin qui gardent une partie de leurs affaires. Les policiers découvrent et saisissent une ficelle entourant un tuyau d’arrosage. Le 25 avril, les policiers perquisitionnent le domicile des Villemin et retrouvent neuf morceaux de ficelle dans le garage, les combles et la cave. Les morceaux de ficelle sont tous analysés. Deux morceaux de ficelle retrouvés dans la cave, entourant des plaques de zinc, s’avèrent être rigoureusement identiques à la ficelle retrouvée sur le corps de Grégory. Jean-Marie Villemin explique au juge qu’il n’a pas acheté cette ficelle car celle-ci lui a été donnée par son père Albert Villemin au cours de l’été 1984 lorsqu’il a effectué des travaux. Il explique aussi au juge Lambert que la fin de la pelote de cette même ficelle a été donnée à Bernard Laroche pour fixer un outil sur le toit de sa voiture.

Après analyse, il s’avère que la ficelle retrouvée chez Georges Jacob est aussi identique à celle retrouvée sur le corps de Grégory. D’autres membres de la famille pouvant posséder ce type de ficelle, la valeur de cet élément matériel est considérablement amoindri et l’exploitation de cet indice s’arrête là.

Les moulages

affaire grégory insuline traces pneu police scientifiqueLe lendemain du crime, les gendarmes pensent découvrir l’endroit ou le corps de Grégory aurait pu être immergé. Sur place, ils relèvent la trace d’un talon qui pourrait être celui d’une botte de femme ainsi que des traces de pneus d’un véhicule. Des moulages sont effectués par les gendarmes.

Pour déterminer l’endroit où Grégory a pu être jeté dans la Vologne, des essais de flottaison sont effectués avec un mannequin. En jetant le mannequin depuis l’endroit découvert par les gendarmes, le corps n’arrive pas du tout à l’endroit de la découverte du corps. Ces essais montrent que l’endroit désigné par les gendarmes n’est pas compatible avec la position de découverte du corps et avec son état (propre, sans égratinures et sans végétaux). Les moulages ne sont donc plus exploités dès lors que le lieu d’immersion est remis en question.

Les empreintes de pneus seront de nouveaux exploités par les policiers du SRPJ en quête d’éléments matériels. Les moulages de pneu correspondent à un véhicule de petite cylindrée. Malgré l’incompatibilité du lieu d’immersion, les moulages sont comparés avec les pneus de la voiture de Christine Villemin. Dans un rapport établi par Haguenoer et Roelandt, les quatre pneus du véhicule de Christine Villemin seront reconnus comme “rigoureusement différents pour les pneus avant” et avec “une largeur de crampon légèrement différente pour les pneus arrières”. Ces résultats mettront un terme définitif à l’étude de cet indice matériel.

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