L’ADN des mouches pour résoudre des meurtres

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ADN mouche

Les mouches et leurs œufs sont des indices précieux lorsqu’il s’agit de résoudre des meurtres. Hélas leur analyse prête facilement le flanc à l’erreur. Une base de données belge d’ADN de mouches devrait venir faciliter les enquêtes.

Souvent, lorsqu’on trouve des larves sur des cadavres, ces dernières sont élevées sur du foie de poulet jusqu’à ce qu’elle ait atteint leur forme adulte. Ce procédé permet de dater la mort de la victime et peut être confronté à un alibi ou à d’autres preuves.

En effet, chaque mouche a un cycle de développement qui lui est spécifique et qui rend possible de dater rétroactivement le moment du décès. Mais ce n’est pas tout puisqu’une larve de mouche n’est pas une autre, « il y a des mouches qui mettent directement des larves, alors que d’autres pondent des œufs. D’autres rampent sous terre pour couver leurs œufs ou ne le font que dans des pièces fermées. Une sorte de larve peut déjà être trouvée après 8 heures sur un corps alors que pour d’autres mouches ce ne sera qu’après 16 heures » précise l’entomologiste (spécialiste des insectes) du musée de l’Afrique, Kurt Jordaens dans les colonnes du Standaard.

ADN mouche

Tout cela fait que les larves donnent de précieux indices sur le cadavre et les circonstances de la mort. Cette technique a néanmoins le double désavantage de prendre beaucoup de temps (soit le temps que la larve se transforme en mouche) et d’être sujette à l’erreur.

En effet, les larves peuvent ne pas être des larves de mouche et/ou être contaminées par d’autres mouches. Et enfin, lorsque le spécialiste se trompe, cela peut entraîner un décalage de deux jours.

La solution pourrait venir d’une base de données de l’ADN des larves de mouches. Prendre un échantillon représente beaucoup de travail, mais cela ne sert surtout à rien si on ne peut le comparer à une base donnée.

C’est pourquoi Jordaens, avec l’aide de collègues du musée des sciences naturelles et du musée de l’Afrique, a établi un fichier qui reprend l’ADN d’une soixantaine de sortes de mouches qui apparaissent dans nos contrées. Leurs échantillons proviennent de l’Institut National de Criminalistique et de Criminologie qui collecte et recherche les différentes sortes de larves trouvées sur les scènes de crime.

Si ce genre de banque de données existe déjà depuis quelque temps aux États-Unis et en Australie, c’est une primeur en Europe. Une avancée qui rendra les enquêteurs moins dépendants des entomologistes médicolégaux, une spécialité qui se fait rare.

Par Muriel Lefevre © https://www.levif.be/

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