Le lourd palmarès d’un capitaine de gendarmerie ripou

0
1430
capitaine gendarmerie ripou paillote corse

Les paillotes et les restaurants corses ne réussissent décidément pas aux gendarmes. En 1999, l’incendie de la paillote Chez Francis, provoqué par des militaires, avait été à l’origine d’un des plus gros scandales d’Etat. Là, c’est un établissement réputé de Saint-Florent (Haute-Corse) qui a indirectement causé la perte du capitaine François Levan, ancien chef de l’antenne de Bastia de la section de recherches d’Ajaccio et ancien patron du groupement de Fréjus (Var).

Un capitaine de gendarmerie en correctionnel :

capitaine gendarmerie ripou paillote corseL’officier, âgé de 41 ans, vient d’être renvoyé devant le tribunal correctionnel par un juge d’instruction bastiais pour une série assez extravagante de délits. Celle-ci a été découverte à l’occasion de l’enquête menée sur la tentative de racket du restaurant de Saint-Florent menée en 2007 : disparition de cargaisons de drogues saisies, écoutes téléphoniques sauvages et même participation à la brève séquestration d’un homme. La panoplie de ripou dont est affublé le capitaine Levan dans les 70 pages de l’ordonnance du juge rendue le mois dernier est complète.

C’est en juin 2008, à peine un an après son départ de l’Ile de Beauté pour prendre la direction du Var, que l’inspection de la gendarmerie nationale se penche sérieusement sur le « cas » Levan. A l’époque, il y a déjà des rumeurs qui courent sur ce capitaine de gendarmerie aux méthodes pugnaces mais aussi aux amitiés douteuses et au train de vie peu en rapport avec ses moyens.

Un comportement « bling-bling »

Les enquêteurs s’intéressent d’abord aux nombreuses interventions que le capitaine de gendarmerie a réalisées auprès de ses propres collègues en charge de l’affaire de racket au restaurant de Saint-Florent, visant apparemment à protéger des « amis » suspects. Mais les gendarmes qui enquêtent sur leurs collègues ne sont pas au bout de leurs surprises.

Il y a d’abord ces stocks de cannabis saisis et entreposés dans des casernes corses que Levan prétend avoir lui-même incinérés, dans le plus grand secret et sans témoins, en rédigeant des procès-verbaux de destruction parfois antidatés. Plus de cent kilos au total, qui ont peut- être permis au gendarme de se livrer à un business inavouable qu’il aurait poursuivi à son arrivée à Fréjus. Là encore, près de cent autres kilos de haschisch ont disparu de la même façon.

Il y a ensuite la brève séquestration d’un livreur d’une société de téléphonie proche de Bastia que son patron soupçonne de vol. Ami du capitaine Levan, le chef d’entreprise, agacé des lenteurs de l’enquête officielle, demande au gendarme de faire bouger les choses. Peu de temps après, le livreur est séquestré dans un entrepôt et molesté. Libéré, il aperçoit un Hummer, 4 x 4 peu discret, avec au volant un homme correspondant au signalement du capitaine Levan. Un véhicule que l’officier se faisait régulièrement prêter par un de ses « amis ».

Identifié, l’un des auteurs de cette « séquence d’intimidation » désigne d’ailleurs « le Chinois », le surnom du capitaine, comme l’un de ses complices. Il aurait même fourni des talkies-walkies de la gendarmerie pour qu’ils communiquent entre eux et les menottes pour maîtriser la victime.

Au fil de leurs investigations, les gendarmes lèveront d’autres lièvres. Comme ces écoutes téléphoniques déclenchées pour des motifs fallacieux par le capitaine Levan, qu’il monnayait ensuite 100 € « par jour et par personne » à des amis du milieu qui se renseignaient ainsi « en direct » sur les activités de leurs concurrents. Les enquêteurs soupçonneront même un moment leur collègue d’avoir monté un trafic d’armes sans parvenir à le prouver.

Suspendu depuis 2009 et sa mise en examen, Levan a effectué un peu plus de trois mois de détention provisoire. Il a toujours nié les faits de trafic de drogue et la séquestration du livreur, concédant juste quelques entorses à la procédure et justifiant une partie de ses actes par la nécessité de préserver ses informateurs. Certains de ses anciens collègues ont une autre vision de sa dégringolade : « Très attaché à sa qualité d’officier et aux honneurs qui l’entourent », selon un de ses anciens supérieurs, il était aussi très attaché à son train de vie. Un comportement « bling-bling » qui a longtemps alerté ses collègues, entre sa Porsche Cayenne et sa villa achetée 540000 € à son arrivée dans le Var.

Là aussi, les investigations menées sur son patrimoine et ses comptes bancaires ont relevé quelques bizarreries. Au mois d’octobre, le capitaine Levan aura fort à faire devant le tribunal correctionnel, qui pourrait sonner le glas de sa carrière en gendarmerie.

SOURCE : http://www.leparisien.fr

Laisser un avis