Aveugle, elle écrit avec un stylo sans encre

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Une Anglaise avait décidé de se lancer dans l’écriture. Devenue aveugle, le vide de son existence, comme elle l’explique, était comblé par la poésie. Trish Vickers, de son petit nom, avait alors entamé la rédaction d’un roman. Une intrigue simple, celle de la vie d’une femme qui explose, et déjà 26 pages écrites… ou presque.

L’auteur avait confectionné un système lui permettant de retrouver sa page et sa ligne avec des élastiques, et après quelque temps d’écriture, elle confie à son fils, Simon, l’ensemble de son travail. La pilule sera difficile à avaler. Aveugle depuis sept ans, à cause d’un diabète, elle ne s’était pas rendu compte que le stylo avec lequel elle écrivait se vidait progressivement de son encre. Ce sont des pages vierges, à l’exception de la marque laissée par la bille du stylo, qu’a découvertes le fils.

Tout ce que son imagination avait su découvrir, le papier n’avait pu le conserver. Un drame ? Évidemment. Mais qui a pu être évité avec l’aide du service médico-légal de la police du comté de Dorset, où elle réside. On y a littéralement sauvé son texte. « Nous leur avons téléphoné, et demandé à parler à la section qui s’occupe des empreintes digitales. Ils nous ont dit que s’ils pouvaient faire quelque chose, ils seraient heureux de nous venir en aide. »

Une des experts de la section aura alors passé 5 mois sur ses heures de pauses à déchiffrer ce que l’auteur de 59 ans avait patiemment écrit.

Recourant à toutes les méthodes de la police scientifique pour faire parler les pages, la policière s’est consacrée à la restitution d’une copie dactylographiée des pages manquantes. Trish Vickers s’est sentie revivre : « Être aveugle est très contraignant, dans la mesure où on ne va nulle part. J’ai toujours été intéressé par l’écriture. J’ai l’imagination qui se déchaîne. Tous ceux qui ont lu jusqu’à présent semblent apprécier mon texte, et la police elle-même dit avoir savouré le peu qu’elle avait lu », confie l’auteure, dans sa première interview.

Et l’experte d’enchérir : « Ce fut agréable de faire quelque chose pour cette personne, et la découverte du livre ne le fut pas moins. Heureusement, à l’exception d’une seule ligne, nous avons réussi à retrouver tout le texte. » Elle explique que pour retrouver le texte, il a fallu jouer sur différents angles et degrés de luminosité…

Un roman qui a désormais un titre, Grannifer’s Legacy, et qui cherche désormais un éditeur. « Je pourrais me souvenir de l’essentiel de ce que j’avais écrit, mais il n’y avait aucun moyen de retrouver la manière exacte dont je l’avais écrit. »

Cette histoire n’est pas sans rappeler celle du plus célèbre aveugle imaginaire de l’histoire de la littérature, dont le texte fut gravé dans le marbre et l’esprit de tous les Grecs

Chante déesse, la funeste colère d’Achille, fils de Pelée. Elle causa aux Grecs des douleurs sans nombre et précipita chez Pluton maintes âmes généreuses de héros, dont les corps furent la proie aux chiens et aux oiseaux (la volonté de Jupiter s’accomplissait), depuis que se divisérentpat la querelle, Atride, roi des hommes et le divin Achille.

Ah, sacré Homère !

Publié par Clément Solym, le lundi 16 avril 2012 © www.actualitte.com

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