Affaire Kulik, des doutes sur la technique ADN

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ENQUÊTE – Le suspect a été identifié par des recoupements d’analyses ADN qui soulèvent des interrogations…

L’histoire semble tout droit sorti d’un épisode de Cold Case. Dix ans après, le meurtrier d’Elodie Kulik aurait été confondu par son ADN, grâce à une technique inédite en France. Oui mais nous ne sommes pas dans une série US, et le procédé éveille l’interrogation de plusieurs professionnels des enquêtes scientifiques.

[pull_quote_center]«Nous n’avons pas le droit de faire des recherches de parentalité dans les fichiers»[/pull_quote_center]

Grégory Wiart, aujourd’hui décédé, n’a pas été identifié directement par son ADN. Le suspect n’est pas enregistré au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg), et il a fallu fouiller pour découvrir un ADN proche: celui de son père, fiché pour une précédente condamnation. Une pratique qui étonne plusieurs sources, gendarmes ou ancien de la police scientifique, sous couvert d’anonymat.

Elodie Kulik ADN analyses police scientifique«Aujourd’hui, nous n’avons pas le droit de faire des recherches de parentalité dans les fichiers», confirme de son côté Anne Beauchet, technicienne au laboratoire de police scientifique d’Ecully, qui se dit surprise que ce type de recherche ait été autorisée en France, la Cnil interdisant ce genre de «fichage sauvage». Le procureur Bernard Farret, en charge du dossier, s’est d’ailleurs montré réticent à communiquer sur les détails de la technique en question.

[pull_quote_center]«Un précédent qui n’est pas forcément souhaitable»[/pull_quote_center]

«Ce type de recherche n’est jamais pratiquée», confirme Gérald Bedino, secrétaire national du Snipat en charge du personnel scientifique. Le technicien se dit lui aussi étonné que les enquêteurs aillent «taper sur le parent d’un suspect», es
timant que «c’est aller au devant de pas mal de soucis et cela crée un précédent qui n’est pas forcément souhaitable». D’autant que la technique n’est pas infaillible.
«En temps normal, déjà, l’ADHN n’est qu’un indicateur parmi d’autres», rappelle Gérald Bedino. Et en l’occurrence, le prélèvement initial date d’il ya 10 ans, et «a pu être pollué par des ADN croisés» puisqu’Elodie Kulik a été agressée par plusieurs personnes. La famille de la victime, pourtant, a l’espoir de voir l’affaire progresser. Mais Gérald Bedino prévient: «cette analyse n’est pas un élément formel recevable tel quel».

Du matériel de la police scientifique, servant notamment dans les analyses ADN.

Du matériel de la police scientifique, servant notamment dans les analyses ADN. TRAVERS ERIC/SIPA

Propos recueillis par Julien Ménielle, © http://www.20minutes.fr le 17/01/2012

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