La condamnation de Pierre Chanal et la fin tragique
Pierre Chanal est condamné le 23 octobre 1990 par la cour d’assises de Saône-et-Loire à dix ans de réclusion criminelle pour viol, attentat à la pudeur et séquestration de Paläzs Falvay (voir photographie ci-contre). Il sort de prison le 8 juin 1995 en étant soumis à un contrôle judiciaire strict.
Le 12 mai 2003, plus de 20 ans après les premières disparitions, le procès d’assise doit enfin s’ouvrir avec comme principal accusé Pierre Chanal. La veille de l’ouverture du procès, celui-ci tente de se suicider en ingérant des barbituriques. Il reste plusieurs jours à l’hôpital et fait une embolie pulmonaire. Pour sa sécurité et afin que le procès puisse avoir lieu il est placé en détention provisoire et le procès est repoussé au mois d’octobre 2003. Dans la nuit du 14 au 15 octobre 2003, la veille de sa comparution devant la cour d’assise, Pierre Chanal placé dans une chambre sécurisé, réussit à se trancher l’artère fémorale malgré la surveillance constante d’un policier. Le principal suspect de l’affaire des disparus de Mourmelon, décède et laisse les familles des victimes sans réponses.
La mort de Pierre Chanal provoque l’extinction de l’action publique à son encontre et le dossier des disparus ne pourra jamais être rouvert sans que des éléments nouveaux soient apportés. Après 15 ans d’enquête, près de 14600 pièces de procédure et des millions d’euros dépensés, rien n’a abouti dans ce dossier.
L’avocat de Chanal, Me André Buffart, explique que dans cette affaire il n’y a pas de témoin, pas d’aveu, pas de preuve et pas de lien direct entre les victimes et Pierre Chanal. Pour l’avocat Pierre Chanal doit rester, et restera, présumé innocent.
En janvier 2005, le Tribunal de Grande Instance de Paris donne raison à une action en réparation des familles des victimes, en estimant que de nombreuses défaillances ont été commises dans ce dossier (suicide de Chanal, pièces de procédures et scellés égarés). Au total, 36 membres des familles des victimes seront indemnisés à hauteur de 25000 euros.
En février 2011, la sortie du livre « les disparus de Mourmelon, tout n’a pas été dit », donne un nouvel espoir aux victimes. Le journaliste d’investigation Éric Bellahouel, défend la thèse selon laquelle Pierre Chanal est le principal responsable mais n’aurait pas agi seul. Pour ce journaliste, la fin tragique de ce dossier arrange bien des gradés qui seraient impliqués dans cette « affaire d’État ». Or, la réouverture du dossier est possible si de nouveaux éléments sont portés devant la justice avant 2013.
Pour plus de détail sur l’expertise en génétique de l’affaire Chanl, consulter l’Interview du professeur Moisan, expert en génétique. Le professeur Moisan, directeur de l’Institut de Génétique de Nantes Atlantique (IGNA), répond à nos questions sur l’IGNA, l’ADN mitochondrial, l’affaire des disparus de Mourmelon, ou encore sur les évolutions envisageables de la génétique.