Définition et historique des traces et empreintes digitales
Le corps humain présente plusieurs zones où se trouvent des crêtes papillaires : la paume des mains, les doigts ou la plante des pieds. Ces crêtes papillaires sont en relief sur la peau et peuvent laisser des marques sur des supports. On parle de traces ou d’empreintes digitales, deux termes qui n’ont pas la même signification pour les policiers scientifiques.
La trace est la marque, visible ou invisible, laissée par les crêtes papillaires sur un support. Lorsqu’un malfaiteur manipule un objet sur les lieux d’un délit ou d’un crime, il peut laisser des traces digitales (doigts) ou palmaires (paumes).
L’empreinte est le résultat de l’apposition complète des crêtes papillaires après encrage de celles-ci. Les empreintes d’un délinquant sont prélevées lors des opérations de signalisation effectuées dans les locaux de police.
Les traces et les empreintes digitales répondent parfaitement à deux objectifs de la police scientifique : la reconnaissance des emprunts d’identité ou l’identification des récidivistes et l’identification des malfaiteurs à partir de leurs traces laissées sur les lieux d’un crime. Vous souhaitez en savoir plus sur la composition des empreintes ? Consulter cet article.
Mais comment classer des empreintes digitales et identifier un récidiviste ? Avons-nous tous des empreintes digitales différentes ? Quelle est la composition d’une trace digitale ? Comment révéler une trace digitale et comment l’exploiter ? Toutes ces questions se sont posées au cours du siècle dernier et ont donné naissance à la dactyloscopie (étude du dessin papillaire des doigts).
La découverte d’un nouveau moyen d’identification
On estime que les plus anciennes empreintes digitales datent de 6000 ans. En effet, des impressions de crêtes papillaires ont été découvertes sur un site archéologique au nord-ouest de la Chine mais sans savoir si ces empreintes avaient été laissées intentionnellement, comme des symboles, ou par accident.
Le premier exemple répertorié de l’utilisation des empreintes comme moyen d’identification date de la dynastie Qin entre 221 et 206 avant notre ère. Les documents étaient scellés avec de l’argile dans lequel étaient imprimés l’empreinte et le nom de l’auteur. A partir de l’an 105 après J.C, l’invention du papier par les chinois fait que la signature par l’empreinte digitale devient plus commune.
D’autres nations adopteront l’empreinte comme sceau officiel pour les contrats ou les écrits. Ainsi, au Japon, en 702 après J-C, la « loi domestique » stipule que :
« Dans le cas d’un mari qui ne peut pas écrire, laisser lui employer un autre homme pour écrire le document et après son nom de mari, signer avec son propre index »
Pendant près de 2000 ans, l’apposition d’une empreinte digitale permet principalement d’officialiser des écrits. C’est seulement à partir du 19° siècle que d’autres propriétés essentielles vont être découvertes. Ainsi entre 1858 et 1916, William Herschel employé de l’administration Britannique en Inde, explore les capacités des empreintes digitales. Travaillant au bureau d’état civil, il remarque que les empreintes digitales sont caractéristiques d’un individu, il va donc les utiliser contre les fraudes d’état civil. En 1877, Herschel écrit une lettre à l’inspecteur général des prisons du Bengal dans laquelle il écrit que les empreintes sont permanentes et propres à chaque individu et il suggère que le système des empreintes pourrait être étendu dans d’autres zones géographiques.
A la fin du 19° siècle, le prénommé Henry Faulds étudie des poteries trouvées sur la plage au japon. Il remarque la présence d’empreintes digitales sur ces poteries ce qui l’amène à les étudier plus en détails. Le 16 février 1880, il écrit une lettre au célèbre naturaliste Charles Darwin dans laquelle il écrit que les dessins digitaux sont uniques, qu’ils peuvent être classifiés et il fait allusion à leur permanence. En Octobre 1880, Faulds publie un article dans le journal scientifique Nature pour informer les autres scientifiques de ses découvertes. Dans ce même article, il propose d’utiliser l’empreinte digitale sur les scènes de crimes comme moyen d’identification des criminels.
Ces travaux sont récupérés par Sir Francis Galton (cousin de Darwin) qui travaille sur les caractéristiques héréditaires du corps humain, et l’anthropométrie. En 1892, Galton publie le premier livre sur les empreintes digitales nommé « Finger Prints ». Dans ce livre, il met en évidence l’unicité des dessins digitaux (propres à chaque doigt et à chaque individu) et leur pérennité (les empreintes ne changent pas au cours de la vie). Galton est le premier à définir les points caractéristiques des empreintes en utilisant le terme de « minuties ». Les études de Galton sont reprises par l’Argentin Jean Vucetich et le Britannique Edward Henry qui mettent au point des méthodes de codification et de classement des empreintes digitales. En 1892, les policiers Argentins réaliseront la première identification de l’histoire judiciaire à partir de cette nouvelle technique en identifiant l’auteur d’un infanticide nommé Francisca Rojas. A Londres, en 1901, le procédé d’identification des récidivistes par les empreintes digitales remplace officiellement le “Bertillonnage”.
A la préfecture de police de Paris, Bertillon est d’abord réticent à cette technique en concurrence avec sa propre invention mais il comprend vite l’importance de ce procédé d’identification. Dès 1896, il décide donc de relever les empreintes digitales de la main droite des condamnés tout en gardant son système de classement anthropométrique. En 1902, suite à une affaire d’homicide, il réalise l’identification du malfaiteur Henri Léon Scheffer, à partir d’une trace papillaire relevée sur les lieux.