L’université de Fudan (Shangaï) vient de publier une récente étude dans la revue scientifique Cell, suite à une méta-analyse concernant l’origine des dermatoglyphes (dessins papillaires).
Cette étude fait suite à l’analyse de 23 000 génomes, qui ont permis de déterminer que le dessin papillaire se forme en partie à partir des gènes responsables du développement des membres, et non les gènes liés à la peau.
Le coupable : EVI1
Ce gène est connu pour son rôle dans le développement embryonnaire, mais il semble selon cette étude qu’il a un rôle prédominant dans la formation des dermatoglyphes.
Les dermatoglyphes, ou dessins papillaires, sont présents sur les faces antérieures et latérales des doigts, des paumes et des plantes de pieds. Ce sont des crêtes qui forment des motifs que l’on appelle dessin papillaire.
En 1823, Juan Evangelista PURKINJE initie des travaux sur les dermatoglyphes. Sa conclusion est que le dessin papillaire est un «admirable arrangement» ce qui permet de classer les dermatoglyphes en 9 catégories initiales.
De nos jours les dessins papillaires sont arrangés en famille selon la présence ou non de delta. Le delta étant une zone du dessin papillaire qui est formé à partir de la convergence des crêtes des zones centrale, basale et marginale. Les deltas vont conditionner un motif particulier du dessin papillaire que l’on nomme classe de forme.
Exemples d’images d’empreintes digitales avec ou sans delta
Les études existantes ont déjà démontré l’influence de la génétique dans la formation du dessin papillaire, mais jusqu’à lors, nous considérions que les dermatoglyphes étaient le résultat de la formation de terminaisons nerveuses propres à la formation de la peau du fœtus.
Cette nouvelle étude laisse penser que la formation du dessin papillaire est conditionné par les gênes responsables du développement des membres.
Des études avaient démontré que le dessin papillaire avait une utilité pour la préhension des objets et agissaient comme des filtres intensificateurs ayant pour rôle d’augmenter la sensibilité des extrémités digitales.
Mais les dernières recherches semblent démontrer une corrélation entre la longueur des doigts et les classes de forme présentes sur les phalanges distales.
Les classes de forme seraient en fait la résultante d’une tension sur les tissus mous des phalanges lors du développement du fœtus, d’où la corrélation entre la longueur du doigt et la classe de forme présente sur ce dernier.
Les résultats de cette étude sont encore à étayer, et les applications pratiques de cette découverte sont peu nombreuses au niveau criminalistique, mais il semble assez hors du commun qu’en 2022, les empreintes digitales conservent encore une part de mystère.
Pour retrouver la publication complète découvrez l’article «Limb development gens underlie variation in human fingerprint patterns» par Jinxi Li, James d.Glover, Haiguo Zhang, Li Jin, Denis J.Headon et Sijia Wang. 6 janvier 2022 CellPress
Un article de Romain CABANAT pour © www.police-scientifique.com tous droits réservés