Le témoignage d’Elisabeth fait partie des différents témoignages d’ASPTS que nous avons pu obtenir
Elisabeth (49 ans) Agent Spécialisé de PTS dans un Service Local de Police Technique
Depuis combien de temps travaillez-vous dans la Police Technique et Scientifique ?
Depuis 1994.
Comment avez-vous intégré la police technique et scientifique ?
Par concours – Le 1er concours d’ «Aide Technique de Laboratoire » (ATL)
Quelle est votre niveau d’étude ?
Baccalauréat.
Travaillez-vous en laboratoire ou en commissariat ?
En commissariat, dans un Service Local de Police Technique (SLPT), ce que l’on appelle communément «l’Identité Judiciaire».
En quoi consiste votre travail au quotidien ?
En tant qu’ASPTS, je procède dès que j’arrive à la lecture de la Main Courante Informatisée qui raconte le fil des évènements qui se sont déroulés. Je prends connaissance des personnes qui sont en garde à vue afin de les signaliser (la signalisation étant la prise d’empreinte des dix doigts et des paumes de main – la photographie – prendre note de l’état civil exact de l’individu – tous ses signes particuliers sur le corps – les tatouages et cicatrices – etc…- et éventuellement selon le délit la prise de l’ADN) – nous sommes appelés selon l’actualité du jour sur des cambriolages, des dégradations, des suicides, des crimes ou assassinats, des incendies, des explosions, des découvertes de cadavres diverses et variées, des véhicules volés retrouvés, ce qui implique de notre part une assiduité, une rigueur une vigilance de tous les instants afin qu’aucun détail ne nous échappe.
Nous sommes les détecteurs d’indices….. de traces dont les équipes enquêteurs ne peuvent plus se passer. Notre rôle est très important.
Quelle est la partie de votre travail que vous préférez ?
Justement cette recherche minutieuse et appliquée. De la trace papillaire au cheveu, au poil, au mégot rien n’est à négliger, il faut être très ordonné et patient.
Quelle est la plus belle affaire que vous ayez eu à traiter dans votre carrière ?
Une affaire de contrefaçon de parfums – le gars écoulait à tour de bras…. Une saisie a pu être réalisée, j’ai dû passer de la poudre sur une centaine de boites et flacons, défaisant, dépliant les fins plastiques de chaque boite pour enfin trouver une trace qui a été identifiée et qui a permis d’élucider l’affaire.
Il a fallu de la patience car ce gars emballait ses flacons avec beaucoup d’attention, il lui a suffit d’une fois….. pour me laisser un petit doigt….
En tant qu’ASPTS, quels sont les plus grands inconvénients de votre métier ?
Le rapport avec la mort est quotidien – il est affreux de photographier des cadavres en putréfaction, des jeunes qui ont mis fin à leur vie pour une dispute amoureuse, un accident mortel de la circulation. Il faut faire obstacle à tout sentimentalisme… il faut se blinder par rapport à l’horreur, par rapport à la peine des gens….et c’est impératif sinon on ne pourrait pas faire notre métier. On devient très dur face à ces situations mais il le faut.
Quelle est la plus grosse partie de votre travail ? Est-ce le terrain, les analyses ou la rédaction de rapport ?
Les constatations peuvent être vite établies mais la rédaction de rapport peut être longue.
Le terrain prend du temps mais lorsqu’il faut ensuite, une fois au bureau, photographier ou analyser certains objets (par différents moyens chimiques) cela prend également beaucoup de temps.
Quel travail supplémentaire implique une constatation ?
Les dossiers « constatations » impliquent la rédaction d’une notice d’intervention, parfois des photos en annexe, ou un album selon les faits. Les albums doivent être montés avec beaucoup de rigueur – rapport – plan – présentation des photos – légendes. Tout ce que nous faisons à l’extérieur doit être répertorié – donc beaucoup d’écritures aussi. La partie administrative est lourde – du classement au courrier pour le procureur…
Avez-vous déjà assisté à une autopsie ? N’est-ce pas trop difficile à supporter ?
Des centaines de fois, il faut aborder cette phase de l’enquête en restant très professionnel. On est pas là pour tomber dans l’affect…. Les autopsies d’enfant sont très dures à supporter, mais il faut avancer pour comprendre.
On est en salle d’autopsie avec les médecins légistes pour rechercher les causes de la mort et mettre en évidence par des moyens photographiques, ce pour quoi ou à cause de quoi la victime est décédée. Par exemple, un coup de couteau porté vers le cœur, le médecin nous demandera de photographier quel a été l’impact à l’intérieur du corps qui a sectionné telle ou telle artère etc…. Quant à l’odeur, des masques à cartouches sont maintenant fournis pour affronter le pire. Le visuel reste sensible mais bon !
On sait où on met les pieds quand on y va. Nous devons au début de l’autopsie présenter au légiste l’album des constatations que nous avons réalisé. Là aussi, les moindres détails sont importants. On est toujours accompagné de l’Officier de Police Judiciaire.
Y a-t-il de grosses différences entre un Ingénieur, un Technicien et un ASPTS ?
Bien sûr, le niveau d’étude, les responsabilités, les fonctions, la paye.
Un ingénieur ne fait pas ce que fait un ASPTS. Un ASPTS peut faire ce que fait un technicien – toujours en commissariat – Dans les laboratoire, je pense qu’un ASPTS ne fait pas ce que fait ni un technicien, ni un ingénieur. On trouve à présent des techniciens en identité judiciaire. Les ASPTS peuvent être aussi bien en laboratoire qu’en commissariat. La grille indiciaire est intéressante à regarder (cliquer ici pour visualiser les salaires des ASPTS)
Avez-vous participé à des actions de communication, des action de formation ou à des conférences, des sommets internationaux ?
J’ai participé de nombreuses fois à des journées d’information dans les collèges, lycées et portes ouvertes au Palais de Justice et au Commissariat – ainsi qu’à une conférence sur l’ADN à BORDEAUX. Les sommets internationaux sont pour les grands pontes.
Travailles-tu avec d’autres institutions que la police et la justice (gendarmerie, polices étrangères, interpol) ?
Non – Cependant lorsque la gendarmerie nous demande des renseignements nous partageons nos informations. On peut avoir des fiches d’INTERPOL pour nous informer de tel ou tel évènements…. Pour confondre nos renseignements, mais c’est rare.
Comment voyez-vous votre avenir ?
Il faudrait que l’administration prenne plus en considération notre métier et se fasse un point d’orgueil de nos activités qui ne sont pas de l’ordre des « administratifs ». Nous sommes sur le terrain, nous menons des astreintes parfois très lourdes et répétitives, nous sommes exposés au danger dans certains endroits ; j’aimerai que cela soit reconnu et que nous ne soyons pas obligés de travailler jusqu’à 62 ans. Sinon la seule crainte que j’ai, est que mon pinceau bougera tout seul pour répandre la poudre, tellement je tremblerai……
Je ne me vois pas à 60 ans en train de monter sur un toit ou de grimper dans un grenier, me retrouver à genoux, ou toute pliée pour rechercher une trace mais bon je compte sur la relève…..
Je sais aussi que la science et la technologie nous permettront d’aller plus loin… je souhaite que cela reste également dans la mesure du raisonnable.
Intéressé par d’autres témoiganges d’ASPTS ? Découvrez le témoignage de Céline qui travaille en SRIJ ou encore le témoignage de Floriane récente lauréate du concours.